Liaison obsessionnelle




Une poignée de main, un regard profond et décidé, ou une simple phrase d’encouragement. Les trois réunis, quelquefois.
Ces gestes de votre entraîneur peuvent vous transcender de manière inconsidérée quelques minutes avant le début de votre course.
Et pourtant.
N’est-ce pas souvent votre geôlier, votre bourreau, l’incarnation même de beaucoup de vos craintes ?
Chaque relation est différente. Incomparable. A peine descriptible.




Le métier d’entraîneur est certes répandu, il n’empêche que ceux qui en exercent la responsabilité ont tous, ou presque, quelque chose d’atypique, de personnel, d’étrange parfois. Ils se ressemblent en revanche sur leur volonté de vous voir travailler. Encore et encore. Jour après jour.
Votre entraîneur a la capacité de vous pousser dans vos derniers retranchements.
Bien plus confiant que vous en vos capacités, il vous condamne à franchir vos limites, sans abandon ni concession.
Ses cris ou ses remontrances vous dressent, attaquent votre orgueil et aiguisent votre mental. Il vous place devant le miroir de votre faiblesse, vous assigne à la résidence de votre volonté. La douleur n’est-elle pas qu’une information ?
Une souffrance qui le satisfait ou le réjouit, au point d’obtenir quelque fois un « Bien » ou un « Allez, c’est pas mal ».
N’y a-t-il pas là quelque chose de sadique ?
Et cette satisfaction manifestée ne vous réjouit-elle pas tout autant ?
En effet, la relation qu’un athlète peut entretenir avec son coach peut quelquefois, s’apparenter au syndrome de Stockholm.
Incluant ainsi une forme de masochisme. Puisque vous restez.



Ce n’est heureusement pas la seule raison qui vous pousse à écouter attentivement ses conseils avisés. Bien que son palmarès en tant qu’entraîneur soit souvent moins mis en avant que celui de ses athlètes, vous faites confiance à son expérience, à sa pratique quotidienne de l’humain.
Il est la preuve vivante de la réussite de vos prédécesseurs. Et l’observateur le plus conscient de votre labeur et de votre fainéantise. De votre engagement et de votre lassitude.
Il parfait vos qualités tout en tentant d’atténuer vos défauts.
Ni professeur, ni parent, il impose un rythme qu’avec abnégation, vous tentez de suivre.
Ce n’est d’ailleurs qu’en adéquation avec lui que votre partenariat a une chance de se concrétiser. La seule voie envisageable pour atteindre l’objectif fixé, c’est la confiance. Il faut l’entretenir et la développer.
Chaque progression est une victoire commune que vous partagez ensemble. Seule son expertise peut doucher votre satisfaction sur une victoire bancale ou déceler une amélioration technique sur une course laborieuse.
Vous reconnaissez dans ses yeux la joie, la détermination mais aussi la colère et la déception. Il n’est pas votre ami mais votre partenaire de combat.


Vous pouvez l’appeler par son nom, son prénom, un diminutif ou tout simplement « coach ».
Ce qui compte, c’est qu’au fond de lui, il soit persuadé que vous souhaitiez la même chose que lui : une volonté inébranlable d’atteindre les frontières de votre ambition.

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