Fatigue quotidienne


Contrairement à ce que peut imaginer le commun des mortels les sportifs de haut niveau sont loin d’être de perpétuelles boules d’énergie.
La pratique du sport de haut niveau induit des états émotionnels et physiques uniques. Parmi lesquels, la fatigue.
Et la natation, dont la pratique professionnelle s’échelonne entre huit et douze entraînements par semaine, en est l’un des exemples les plus criants.
D’autant que, contrairement aux sports collectifs, basés sur un système de championnats avec des compétitions chaque week-end ou presque, la natation se concentre sur un ou deux événements par an. Il n’est ainsi nécessaire d’être véritablement en forme que 3 à 4 semaines dans l’année.





Le champ libre à une fatigue inévitable.
Pesante et lassante.

Pas celle d’un lendemain de soirée où l’on s’est couché un peu trop tard devant une série américaine au scénario addictif. Pas celle non plus, d’une journée de réflexion pour préparer un examen essentiel.
Il s’agit d’une fatigue bien plus sournoise. Pleine de courbatures et de douleur, elle vous fait envisager toute activité sportive en dehors de vos entraînements comme un crime contre nature. Elle vous fait considérer les escaliers comme des instruments de torture et vous apprend à établir des priorités dans vos liens sociaux pour n’en privilégier que certains.
Une fatigue qui crée en vous un minuteur constant dont la durée équivaut au temps vous séparant du prochain entraînement.
Une fatigue qui peut vous rendre casanier, susceptible, quelquefois exécrable. Une susceptibilité qui se trouve décuplée lorsque votre entourage ironise sur votre pseudo fainéantise.

Mais en réalité, cette fatigue est tout autant nécessaire qu’épuisante. Elle vous convainc de la puissance de vos sacrifices. Vous obnubile et vous calme. Elle vous assure des nuits profondes et revitalisantes. Elle est surtout le témoin de votre engagement quotidien et le thermomètre de votre état de forme quand enfin, il se dirige vers le positif.
Elle vous permet d’apprécier entièrement votre forme, votre explosivité et votre puissance.
C’est le souvenir de cette fatigue qui vous rend invincible derrière le plot, et c’est encore à elle que vous pensez lorsqu’une médaille vient récompenser votre acharnement.
Il en va donc de notre réussite de l’entretenir.
Sans cette fatigue quotidienne, nulle progression possible.
Sans elle, nous ne sommes rien.

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