Adrénaline du départ.

Vous ne l'oublierez jamais. Cette force qui tape. Du fond de vos entrailles à la surface de votre peau, elle résonne. Cette puissance inarrêtable, insurmontable dont le bruit vous assourdit au point que vous n'entendiez plus que son tambourinement. Ces battements de cœur qui vous font autant mal qu'ils vous rassurent, qui vous font tellement peur mais qui vous enivrent d'une adrénaline inégalable. Il suffit d'imaginer votre course pour qu'inconsciemment ils débutent et que les premiers fourmillements naissent au bout de vos orteils. Et quand le plot vous fait face, quand l'eau plate, dure et intangible, attend patiemment que vous rompiez son morne destin le temps de votre course. Il n'est plus alors question de battements. Vous sentez chaque flux de sang, chaque globule rouge fuser dans vos veines. Du cœur vers les organes, tout s'agite, tout s'emporte. Vos pieds s'accrochent à ce qu'ils peuvent et le reste de votre corps suit mécaniquement le rituel que vous vous imposez depuis de longues années. La même attente avant de se baisser, les phalanges qui se replacent à leur guise, la concentration au maximum pour être le premier à s'extraire des starting-blocks. Et quand le starter décide enfin d'enclencher ce bouton rouge, votre cœur est à la limite de l'implosion pour qu'enfin plus rien ne compte. Plus rien, sauf toucher cette plaque jaune le premier. Cette plaque dont vous avez rêvé mille fois. Celle de votre enfance devant la télé. Celle de cette victoire qui a marqué votre vie et dont vous vous souviendrez toujours. Et quand enfin, le bout de vos doigts atteint cette plaque. Ils se réduisent. Les battements s'estompent. Laissant place à une douleur amère ou une incroyable euphorie, ils vous quittent, sans crier gare. Mais ne vous inquiétez pas, ou ne vous réjouissez pas. Ils reviendront. Et si un jour, ils disparaissent, c'est qu'il faut descendre du plot. Vous le saurez immédiatement. Car non, cette force qui fait trembler vos tripes, vous ne l'oublierez jamais.