Nous sommes le peuple.
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À l’approche du premier tour de l’élection présidentielle
française,
Nous sommes noyés, étranglés, étouffés d’informations.
Avec l'avènement de l'ère numérique, plus rien n’est audible.
Tout est dit. Son contraire également. Tout perd sens.
Ce brouhaha permanent, nous empêche de comprendre notre
temps.
Nous pensions qu’avec Internet, nous ne serions plus dupes
et qu’aucun homme politique ne pourrait continuer à nous mentir. Nous pensions pouvoir obtenir une
alternative crédible à la communication politique. Nous étions persuadés
d’ajouter de l’analyse et de la profondeur aux informations grâce à la
pluralité des médias permise par les nouvelles technologies.
Les réseaux sociaux, leurs microsphères et les sites proliférant de fausses informations en
ont décidé autrement. Notre
ère de l’immédiateté ne retient qu’attaques venimeuses, scandales et attentats.
La crédibilité s’efface, la vérité n’est nulle part. Tout semble
être est sujet à mensonges.
Et dans cette cacophonie, la justice et les journalistes
sont devenues les cibles parfaites.
Les attaquer est devenue la marque de fabrique de certains
candidats.
Sans douter de la perfectibilité du 3ème et du 4ème
pouvoir, n’est-il pas facile de s’attaquer à ceux qui dénoncent les injustices
et ceux qui se battent pour faire appliquer la loi ?
Et de faire croire que l’on en est une victime
perpétuelle ?
Certaines personnalités politiques ne cessent de pointer du
doigt les étrangers, au service d’un commerce de la peur, en leur faisant
porter tous les maux de notre société. Plus de renvois aux frontières, plus de
places pour eux en prison, des peines plus longues.
Et pourtant, ces mêmes personnalités politiques ne se
rendent pas aux auditions judiciaires auxquelles elles sont convoquées. Elles
se servent d’immunités inhérentes à la fonction publique pour échapper à leur
destin.
Elles utilisent des termes graves pour décrire la situation
de notre pays. On entend parler de « guerre civile », de « grand
remplacement ».
La guerre civile. Vraiment ?
Que la France subisse des attentats abominables, que
certaines zones de notre pays soient en proie à des violences hors du commun,
nous devons le reconnaître pour mieux les combattre.
Mais parler de guerre civile, c’est manquer de respect à
notre propre histoire. À cette Révolution qui a construit le pays que nous
sommes.
C’est aussi faire insulte aux millions de syriens, pour ne
citer qu’eux, qui meurent, fuient leur pays et tentent de traverser notre mer
commune, la Méditerranée, depuis plus de 6 ans maintenant.
Le grand remplacement ?
Quelle impudeur. L’entassement de la misère dans la
périphérie des grandes villes de ce pays constitue-t-il vraiment un
« remplacement » ?
Si l’on jette un œil, aux rangs de l’Assemblée Nationale, qui
est censé être la représentation de notre nation, ne constate-t-on pas plutôt
un « grand oubli » des minorités de ce pays ?
Beaucoup de termes sont galvaudés. Honteusement maquillés
sous des définitions perverses.
Les « médias », les « élites », le
« système », la « nation », « l’Etat », le
« peuple ».
La théorie est simple et simpliste :
Un « peuple », honnête et bon, qui subit les
exactions des « élites » et suit bêtement le discours que les « médias »
veulent lui faire absorber. Et tout cela constitue le « système » que
les « médias », contrôlés par les « élites », nous
pousseraient à faire perdurer.
Non. On ne peut pas laisser croire cela.
Laisser entendre que « le peuple » ignorant se
renferme et finit par voter pour des partis extrémistes incitant à la haine, est
un gigantesque affront.
Le peuple n’est pas une masse stupide et docile.
Au sein de ce peuple, certains souffrent mais ne cèdent pas au
discours de ces grands prêcheurs de la discorde.
Il suffit. La misère, la pauvreté, l’ignorance ne sont plus
des excuses pour justifier un choix isolationniste, haineux, raciste, sexiste,
islamophobe, antisémite.
La dédiabolisation ne reste que de la communication politique.
Est-il véritablement nécessaire de rappeler qu’on ne quitte
pas sa terre natale dans des conditions extrêmes par plaisir ?
Traverseriez-vous la Méditerranée sur une embarcation de
fortune, avec un passeur comme capitaine, et vos enfants comme seuls
bagages ?
J’entends certains revendiquer une préférence nationale, notamment
vis-à-vis des sans-abris. J’ai fréquenté les circuits d’aide aux personnes en
difficulté. Pas une fois, je n’ai croisé le chemin de personnes revendiquant
ces idées, d’une humanité à plusieurs échelles.
La France est un grand pays.
Mais la grandeur qu’elle revendique n’a pas été acquise
qu’au titre de sa puissance économique. Elle s’est aussi établie au titre de
valeurs d’ouverture et d’humanité. De partage et de respect. De compassion et
d’action.
Si la France veut continuer à être de ces grandes nations, elle
doit conserver son rang sans fustiger une race, une religion, un sexe.
L’humanité ne grandira pas en dressant des murs toujours
plus haut mais en construisant les conditions d’une vie commune plus acceptable
pour chacun.
Ce rejet haineux porte un poignard aiguisé dans le cœur de
tous ceux qui ont accepté de pardonner l’esclavage, la shoah, et tous ces
crimes sanglants pour donner corps à une volonté du vivre ensemble, à un futur
commun.
Alors pour que nos enfants ne vivent pas dans un monde de régression
sociale, économique, sociétale, et écologique.
Pour qu’ils vivent dans un monde où l’humanité ne s’arrête
pas à nos frontières, à notre couleur de peau, à notre sexe, à notre religion
ou à notre apparence physique,
S’il vous plaît,
Agissons.
Crédit photo : Ouest-France
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